Au revoir Criquette !
Criquette Head prend sa retraite. Un hommage lui est rendu sur l’hippodrome des Condé le 1e février.
Tout le monde l’appelle Criquette, mais Christiane Head-Maarek est LA grande dame des courses de plat. Installée à Chantilly comme entraîneur depuis 1978, elle a fait gagner 3 000 courses, dont les plus prestigieuses, l’Arc de Triomphe, le prix de Diane, le Jockey club ... En toute humilité car elle aime répéter : « 80% d’une victoire revient au talent du cheval et 20% à l’entraîneur. »
A l’aube en forêt de Chantilly, les galopeurs marchent vers leur rond en file indienne. Silence. Atmosphère paisible. Criquette les observe tourner au pas et dispense ses conseils : « le métier est dans le regard porté sur chaque cheval... Le pur sang est un être magnifique, presque aérien, mais il est fragile. Ce métier est une passion prenante, on regarde nos chevaux à l’infini car on connaît leur caractère en les voyant au pas et ce sont eux qui disent quand ils sont prêts à la compétition. » Puis les 40 chevaux partent au petit galop de chasse rejoindre la piste. Debout sous son chapeau au bord de la piste, Criquette repère ses pensionnaires. Elle en connaît tous les atouts, les origines, les qualités et les performances même si elle est responsable d’une centaine de galopeurs. Sur le sable on entend un souffle, puis on aperçoit une silhouette, on sent un galop assourdi comme un coup dans la mousse et aussitôt ils sont là, aussitôt ils sont passés ! Cet après-midi Criquette ira les voir courir sur un hippodrome ou un autre ...
C’est dans le sang. Criquette appartient à la 4e génération Head, une de ces familles anglaises qui ont lancé les courses à Chantilly et à Deauville et qui maîtrise tous les métiers : éleveur, jockey, entraîneur, négociant. Elevée au haras du Quesnay en Normandie, où son frère Freddy, sa sœur Martine et son père Alec gèrent l’élevage, Criquette a l’œil qui donne la vocation. Elle a d’ailleurs présidé l’association professionnelle des entraîneurs pendant vingt ans.
Son 1e succès est fracassant : dès 1979 elle gagne l’Arc de triomphe avec Three Troikas, une pouliche élevée par son père et montée par son frère. Son dernier triomphe, la série de victoires de Trève dans l’Arc de Triomphe en 2013 et 2014, plus son prix de Diane et son prix Vermeille. Une vraie ferveur populaire est née autour de cette jument achetée par la famille à Deauville et vendue au Cheikh Al Thani à l’issue d’un conseil de famille : « il fallait vendre pour maintenir le haras. » Car les Head font courir la plupart de leurs produits tout en préparant à la vente ceux des clients et il y a 280 boxes au Quesnay ...